Restauration
Voilà longtemps que nous ne vous avons parlé du travail remarquable fait par les restaurateurs pour nous permettre de déménager nos œuvres en toute sécurité !
En effet, certaines œuvres, trop fragiles pour pouvoir être manipulées, dépoussiérées, emballées ou déplacées par nous-mêmes ont été confiées aux mains expertes de spécialistes.
Les photographies
Saviez vous que musée conserve une collection historique d’un des inventeurs de la photo couleur, Louis Ducos du Hauron, mort en à Agen en 1920. Alors que la première photographie monochrome voit le jour en 1827, la grande invention qui allait révolutionner l’histoire de la photographie a été mise au point par Louis Ducos de Hauron en 1869. Ducos applique en effet le principe de la décomposition de la lumière en trois couleurs fondamentales, le rouge, le vert et le bleu. Il prend, à travers trois filtres - rouge, puis bleu, puis jaune- trois photographies successives d'un même sujet dont il obtient trois positifs, un rouge, un bleu et un jaune. C’est en superposant exactement ces trois positifs qu’il il obtient la restitution des couleurs.
Le musée a la chance de conserver ses premiers essais, extrêmement fragiles, qu’il nous faut à tout prix conserver dans les meilleures conditions possibles. Les restauratrices Annie Thomasset et Dominique Viars ont apporté un soin tout particulier à leur conservation.
Dépoussiérage du dos et de la face, mais aussi du cadre à la brosse chinoise en poils de chèvre, très douce et souple afin de ne pas abraser la surface. Quand les cartons de fond des cadres étaient de mauvaise qualité et risquaient d’acidifier les œuvres, ils ont été changés ou les photos démontées des cadres. Ici une photo en couleurs de 1883 du célèbre tableau de Raphael, « La Vierge à la chaise »… Ducos était aussi un grand amateur de peinture.
Réalisation d’une boîte en matériaux neutres pour garder ces précieuses photographies à l’abri de la poussière et surtout de la lumière très destructive. Ici, un exemple d’une boite spécialement faite pour une très belle et rare photo de Ducos du Hauron sur gélatine, le « Vase au bégonia, verre de vin et tulipe » datée de 1879. La photo a été calée dans une boîte par des supports en mousse de polyéthylène gris Plastazote ©. Pour manipuler la photo sans la prendre avec les doigts, Dominique lui a fabriqué un plateau en carton neutre.
Toujours de Ducos du Hauron, une héliochromie d’Alger, prise vers 1884 dans sa série de pochettes en carton non acide. Les pochettes seront elles mêmes rangées et bien calées dans des boîtes non acides.
Les tissus
Voilà aussi pourquoi Isabelle Rousseau, restauratrice de textiles, a l’air de faire l’acrobate, haut perchée sur une chaise !
En réalité, Isabelle Rousseau est en train de photographier un tissu avant son intervention afin d’en garder trace pour son rapport et notre dossier d’œuvre.
Le musée a la chance de conserver une belle collection de tissus anciens (velours rasés, brochés, damas, lampas, broderies..) légués par le Comte Chaudordy en 1899. Chaudordy fut un des grands donateurs du musée : grâce à sa générosité, le musée peut s’enorgueillir aujourd’hui de ses Goya.
Ces tissus étaient montés sur châssis comme les peintures, pour les présenter au mur. Nous avons pris la décision de les démonter, car les fibres trop fragiles étaient en tension, les clous avaient rouillé et avec cette présentation, il était difficile de bien les conserver hors de la poussière et d’examiner si des mites avaient pu pondre entre le tissu et le châssis de bois. Isabelle a donc dépoussiéré ces tissus, les a démontés de leur châssis et les emballés. Nous allons ainsi pouvoir les ranger bien à plat et à l’abri de la lumière (elle aussi néfaste pour les tissus et les colorants des fibres) dans des meubles à plans métalliques adaptés à leur taille.
Avant le départ : nos tissus des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, démontés, dépoussiérés, et conditionnés dans du melinex©, film polyester stable.
Les ivoires
Dans les années 1876, le docteur Larivière, qui fit de nombreux voyages en Asie, lègue au musée une belle collection d’objets asiatiques. Parmi ces objets, des netsuke et des okimonos, statuettes en ivoire plus grandes que les netsuke.
Ces sculptures étaient rangées ensemble dans des boites, sans protection contre les chocs. Céline Aballéa et Marielle Boucharat les ont soigneusement nettoyées et leur ont confectionné des boites sur mesure avec des calages adaptés à chacune des pièces.
Marielle Boucharat prépare le nettoyage des okimonos
Nettoyage soigneux avec une sorte de grand coton tige
Et au pinceau pour enlever la poussière incrustée dans les reliefs
Une exemple de boîte réalisée pour les netsuke : chaque objet a sa place en fonction de ses dimensions. Plus de risques de chocs pour ces minuscules et fragiles sculptures !
Là encore, les restauratrices gardent trace de leur intervention pendant toute la durée de leur chantier Ici les netsuke sont photographiés avant leur nettoyage et conditionnement.
Les céramiques
Gianpaolo Nadalini, restaurateur de céramiques, est venu passer quelques jours au musée pour consolider des vases de Sèvres brisés, ainsi qu’une plaque émaillée de Boudon de Saint-Amans (début du XIXe siècle) à l’émail éclaté. Ces pièces n’auraient pas, dans cet état, supporté le voyage.
Un vase de Sèvres avant consolidation
Gianpaolo équipé de ses lunettes-loupe qui lui permettent de procéder aux collages très délicats et minutieux.
La plaque émaillée de Boudon de Saint-Amans en cours de recollage
Les vases en cours de remontage.